Omnipraticiens pratiquant l'Orthodontie,
De l'Omnipratique à l'Ortho - La peur du grand saut.

Guillaume De Ribas - 2 février 2025 - 5 minutes de lecture

« Grandir ou rester dans sa zone de confort ? »
Vous connaissez cette petite voix intérieure, celle qui nous murmure : « Et si tu faisais autre chose ? ». Celle qui nous titille quand on rêve d’un nouveau départ, d’un cap à franchir, d’un saut à faire. Cette petite voix, beaucoup de praticiens l’entendent quand ils envisagent de quitter l'omnipratqiue pour se consacrer exclusivement à l’orthodontie. Mais voilà… Entre l’envie et l’action, il y a un précipice. Et au fond de ce précipice ? La peur.
Alors on tergiverse, on réfléchit, on refait les calculs mille fois, on se dit que ce n’est peut-être pas raisonnable. Après tout, pourquoi quitter un métier sûr, diversifié et qui fait vivre ? Pourquoi prendre le risque de s’enfermer dans cet exercice, sans la sécurité de la spécialité reconnue en d’orthodontie ?
Et pourtant… Chaque jour, de nombreux chirugiens-dentistes font ce choix, avec plus ou moins d’appréhension.
La peur d’être un imposteur
Premier frein, et pas des moindres : le syndrome de l’imposteur.
Parce que oui, se former en orthodontie par une voie privée, ce n’est pas tout à fait la même chose que suivre un cursus universitaire de plusieurs années. Alors forcément, on se pose mille questions :
• « Ai-je vraiment le niveau ? »
• « Mes confrères vont-ils me considérer comme un orthodontiste légitime ? »
• « Et si mes patients préféraient quelqu’un avec un diplôme universitaire en orthodontie ? »
Bref, on doute. On se sent un peu comme un enfant qui porte les chaussures trop grandes de son père, espérant marcher sans trébucher.
Mais soyons honnêtes : en médecine comme ailleurs, ce n’est pas uniquement le diplôme qui fait l’expert, c’est l’expérience et les résultats. Beaucoup de dentistes formés en privé pratiquent l’orthodontie avec brio, sans pour autant avoir suivi le cursus classique. Ils s’entourent d'experts, se forment en continu, documentent leurs cas cliniques, et prouvent chaque jour leur légitimité.
Et puis… les patients ne viennent pas voir un diplôme accroché au mur. Ils viennent chercher une expertise, une écoute, un résultat.
L’argent, cet éternel frein au changement
Deuxième angoisse : la peur de perdre en revenus.
En omnipratique, il y a une certaine sécurité. Soins conservateurs, prothèses, détartrages, urgences… Un panel d’actes qui permet de garder un flux régulier de patients et d’argent. En orthodontie, c’est une autre histoire : des traitements longs, un investissement en matériel, une patientèle qui peut être plus fluctuante.
Alors, est-ce que ça vaut le coup de prendre ce risque ?
Tout dépend de la préparation. Parce qu’on ne quitte pas du jour au lendemain une pratique bien huilée pour se lancer tête baissée dans l’inconnu. Non. On anticipe, on planifie, on monte une stratégie. Certains dentistes choisissent une transition progressive, en gardant une activité mixte avant de basculer complètement à l’orthodontie.
D’autres, plus audacieux, sautent directement dans le vide… mais avec un parachute bien préparé : études de marché, plan marketing, partenariat avec des cabinets qui leur envoient des patients.
S’entourer d’un consultant spécialisé, d’un coach en transition professionnelle ou même d’un mentor ayant déjà fait ce parcours, c’est mettre toutes les chances de son côté. C’est éviter les erreurs de débutant, structurer son projet et avancer avec un cap clair.
Car on ne construit pas un succès sur un coup de tête. On le construit avec méthode, expertise et accompagnement.
La réussite n’est pas qu’une question de compétence. C’est aussi une question d’organisation et de vision.
La peur du regard des autres
Et puis il y a cet autre frein, plus subtil mais bien réel : la pression sociale et professionnelle.
Parce que ce que vont dire les confrères, les patients, la famille, ça compte.
Certains collègues pourraient voir cette transition comme une forme de concurrence déloyale. D’autres, comme un manque de respect pour les orthodontistes universitaires. Quant aux patients, ils pourraient se demander s’ils confient leur sourire aux bonnes mains.
Alors, comment éviter l’écueil ?
Par la communication.
En expliquant son parcours, en valorisant ses formations, en montrant des résultats concrets. En ne cherchant pas à être un orthodontiste « officiel », mais un praticien expert en orthodontie, reconnu pour ses compétences.
Car oui, le titre importe. Mais l’excellence, elle, se prouve sur le terrain.
L’ultime frein : la peur d’échouer
Au fond, c’est ça la vraie question.
Si on met de côté le regard des autres, l’argent, la légitimité… il reste la peur de se planter. De se lancer, d’investir, et de ne pas voir les patients arriver.
Mais là encore, c’est une question de préparation.
Car ceux qui réussissent sont rarement les plus téméraires… mais ceux qui ont le mieux anticipé. Ceux qui savent que l’échec, ça se contourne, ça se minimise, ça se transforme en apprentissage.
Alors, est-ce qu’il faut se lancer ?
Ça dépend.
Ça dépend de votre envie. Ça dépend de votre plan. Ça dépend de votre capacité à dépasser cette peur qui vous murmure : « Reste où tu es, c’est plus sûr ».
Mais souvenez-vous d’une chose : ce n’est pas en restant dans sa zone de confort qu’on grandit.
Et parfois, le plus grand risque… c’est de ne pas en prendre.